jeudi 11 juin 2015

Part 1 - Escaping Marrakech


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Mes vacances prolongées au Maroc m’ont permis de vivre de nouvelles aventures, qui se sont avérées assez rocambolesques pour que j’ai envie de les partager avec vous.

Le contexte :

Samedi soir, au moment de partir manger, après avoir pris des photos chastes à la piscine, je me rends compte que j’ai oublié mon sac à dos là bas 30mn plus tôt. Mais après avoir fait le tour de la piscine, impossible de retrouver le sac et je ne sais même pas précisément où je l’ai laissé. Je commence à flipper un peu parce qu’y a quand même l’appareil photo numérique, mon portefeuille et mon passeport dedans. Je vais demander au stand saucisses merguez spaghetti si par hasard ils n’ont pas retrouvé un sac et une gentille serveuse m’aiguillera vers la conciergerie de l’hôtel où sont rassemblées toutes les affaires retrouvées. Par chance, quelqu’un leur a ramené mon sac, et gros soulagement, je l’ouvre et je vois mon portefeuille avec encore l’argent dedans et l’appareil photo numérique. Si par hasard la personne qui a trouvé mon sac et l’a déposé à la conciergerie lit ce coverage, je le remercie sincèrement du fond du cœur. Voilà le contexte qui précède ces aventures.

Allez c'est parti, père Castor, raconte nous ta journée.

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Dimanche soir, minuit. Le tournoi touche à sa fin. Je décolle le lendemain matin à 9h pour rentrer à Lyon après ce dur séjour de labeur. Mais en voulant m’enregistrer sur mon vol easyjet, je me rends compte que … mon passeport n’est plus dans mon sac. Légère panique, il devrait y être. Je retourne donc à la conciergerie pour leur demander si quelqu’un n’a pas sorti le passeport de mon sac pour noter mon nom et l’aurait oublié sur le comptoir. Négatif. Je rentre à l’hotel et je retourne deux fois ma chambre et vide tous mes sacs. Négatif. Il faut se rendre à l’évidence, je suis devenu un sans-papiers. Je finis de poster quelques photos de ladies sur ce coverage, parce qu’il y a quand même des priorités dans la vie, puis je cherche la procédure à entamer sur google : « Perdre son passeport la veille du départ comme un conn**d». Il faut donc que je passe à l’Ambassade de France pour leur demander un laisser passer. Je regarde les horaires d’ouverture de l’ambassade (qui est en fait un consulat) : ouverture de 8h30 à 18h. C’est définitivement mort pour le vol de demain. J’appelle le numéro d’urgence au cas où. Confirmation des horaires. Tristesse.  Désespoir. Résignation. Cuticule. Tartiflette à roulettes.

Une fois renseigné sur la démarche à effectuer, je suis prêt pour la journée de demain, avec le secret espoir d’avoir le vol du lendemain matin 10h. J’avais l’intention de ne pas dormir, mais après la deuxième nuit consécutive à dormir 2h, mon corps a décidé de se mettre en travers de ce plan. Réveillé à 10h30, je descends à la réception pour voir comment je peux m’arranger pour avoir une chambre et à quel tarif. Je tombe sur le manager qui me fait une offre « que je ne peux pas refuser » : 566 dirhams au lieu de 1331 en me proposant de garder la même chambre. Ca m’évitera de devoir faire la navette avec mes affaires, donc ça me va bien et je remonte chercher l’argent pour payer l’aubergiste. 566 dirhams plus tard, il me tend la clé de ma chambre. Je passe de la 526 à la 541.

« Sisi, c’est la même chambre »
« Visiblement non »
« C’est pas -la- même, mais c’est la même »

AH !
Devant cette boucle de vérité absolue qui aurait rendu jaloux Descartes, je choisis d’abandonner le combat ici, et je change ma valise de chambre.Je décolle ensuite pour le consulat vers 11h. J’arrive un quart d'heure devant un bâtiment qui ressemble plus à une cabane de jardinage en béton qu’à un consulat. Deux portes du même genre qu’on voit à l’arrière des hangars et une petite fenêtre fermée par un rideau de fer me font douter de ma destination. Je fais le tour du bâtiment pour trouver l’entrée officielle, deux mendiants, huit lauriers roses et quelques traces de pisse mi humaine mi chameau plus tard, je me rends compte que j’y étais effectivement. Je sonne à l’interphone à coté du rideau de fer.

« C’est pour quoi ? »
« Oui bonjour à vous aussi, je me suis fait voler mon passeport et j’aimerais obtenir un laisser passer »
« On est fermés, revenez demain à 14h30 »

Raccrochage. Je re-sonne.

« Non ça va pas être possible, j’ai mon vol demain, il faut que je passe aujourd’hui »
« Bon revenez à 14h pile, pas après »

En partant je croise la responsable du consulat qui partait probablement en pause déjeuner et qui me renseigne un peu mieux sur la démarche à effectuer : il faut que j’aille faire une déclaration de vol au commissariat, et que je revienne avec une copie de cette déclaration, deux photos, et « environ 23€ de timbres fiscaux ». Pourquoi pas.

Un flic posté à la sortie m’indiquera le commissariat le plus proche, celui du 1er arrondissement. Je prends un taxi pour m’y rendre. 12h15, une fois arrivé là bas, je pénètre dans un couloir dégueulasse avec un bureau sur la droite. A l’intérieur, 9 sri lankais (j’ai décidé ça au hasard) attendent accroupis à même le sol, pendant qu’un flic, assez moche pour en vouloir à la nature, assis à son bureau prend une déposition, mais sans poser la moindre question ni obtenir aucune réponse. L’autre flic, tout seul à son bureau, fait semblant de taper sur son clavier, uniquement avec l’index, au rythme d’une touche toutes les deux secondes pour se donner une contenance dans sa branlitude. Deux marocains m’adressent la parole à l’entrée du bureau, et j’apprends que ça fait 45mn qu’ils sont là, et que rien n’a bougé, ils en sont toujours au même « client ». Je rentre dans le bureau pour leur expliquer la situation, que j’ai besoin urgent de cette déclaration de perte / vol.

« C’est une déclaration de perte ou de vol ? »
« Je sais pas exactement, c’est entre les deux »
« Alors ici c’est uniquement les déclarations de vol. Pour les déclarations de perte c’est le bureau du fond à gauche »

Je tente alors ma chance dans le bureau du fond, et là, aubaine, strictement personne et deux flics disponibles pour prendre des dépositions.

«  Bonjour, je viens faire une déclaration de perte de passeport »
« Oui pas de souci, vous êtes marocain ? »
« Non, français »
« Ah, alors ça ne va pas être possible, on ne prend que les déclarations des marocains, pour tous les autres ressortissants, c’est à la préfecture de police qu’il faut déposer »
« Et vous pouvez pas me faire sauter la queue pour que je puisse déposer une déclaration de vol ici ? »
« Non c’est pas possible, ici on suit les règles, mais y a jamais de queue à la préfecture par contre »

il est 13h, allons y pour la préfecture. Il me reste une heure pour revenir au consulat si je ne veux pas faire la consulat-bulle. J’arrive devant le portail de l’immense bâtiment de police et là un garde me stoppe d’une main posée sur mon torse musclé. Je m’arrête de peur de le blesser.

« Désolé vous pouvez pas rentrer, les shorts sont interdits »

WHAT... THE… f*ck ? Je suis en train de me faire level par le gendarme à Saint Tropech ? C’est de l’humour berbère dont j’ai sauté le chapitre dans « le Maroc pour les nuls » ?

« Excusez moi, mais je dois absolument faire ma déclaration de perte de passeport, AUJOURD’HUI »
« Désolé, mais pas de short à l’intérieur, il faut revenir avec un pantalon. »

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C’est le pompon ça. Le mec s’est pris pour le videur du Macumba un samedi soir. J’admets par contre volontiers que sa mitraillette en bandoulière me coupe un peu l’envie de l’envoyer chi**. Je tente donc l’approche psychologique en rajoutant quelques larmes dans le ton et des trémolos dans mes propos. Et heureusement après un troisième barrel et le mariage de ma sœur qui a lieu dans deux jours et dont je suis le témoin, il finira par folder en me disant « ça ira pour cette fois, mais la prochaine fois, couvrez moi ces jambes ». C’est donc ça l’explication, j’ai des mollets bien trop sexys qui risqueraient de provoquer une émeute féminine dans la préfecture.

Je passe un portillon à rayons X, je me fais palper, mon sac se fait fouiller et je décline gentiment un toucher rectal avant de pouvoir arborer fièrement un badge « visiteur ».
« Vous avez un téléphone portable ? »
« Oui, pourquoi ? »
« Il faut le laisser ici »

Jamais vu ça, mais pourquoi pas, j’en suis pas à ma première surprise aujourd’hui. On m’indique le deuxième étage, premier bureau à droite pour faire ma déposition…

part 2 - Les 12 travaux de Jaybix



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Quand j’arrive au deuxième étage, deux personnes attendent avant moi assises dans le couloir, et dans le bureau, mon futur interlocuteur semble occupé avec quelqu’un. On attend. Le quelqu’un sort. Il n’appelle personne et se met à téléphoner. Une marocaine arrive. Le gars est toujours au téléphone. 20mn se sont écoulées. Une astuce de la dernière arrivante s’affiche en bas de notre écran : « si vous rentrez pas, il arrêtera jamais de téléphoner, il fait semblant ». Haha, si c’est le cas, c’est énorme. Alors je teste. Je rentre dans le bureau. Il raccroche sans dire au revoir. put**n de branleur.

« Bonjour, je viens faire une déclaration de perte de mon passeport »

Il me répond tout en faisant semblant de fouiller dans une pile de feuilles vierges.

« D’accord, on pourra rien faire aujourd’hui, il faut attendre 48h »

Attends c’est pas mon petit frère tchétchène que j’ai perdu, c’est un livret en papier, il va pas prendre le bus pour rentrer à la maison.

« Moi il me la faut aujourd’hui la déclaration, j’ai mon billet pour un vol demain »
« Il va falloir le décaler » sans me regarder, avec le dédain le plus complet.
« Je ne peux pas décaler, je dois absolument rentrer pour le boulot, j’anime un séminaire demain soir pour mon entreprise »

(Ouais c’est bien d’alterner les mensonges, ça permet de rester spontané.)

« Monsieur, on ne peut rien faire avant 48h, il faut qu’on mène une enquête pour savoir où il est, vous savez tout ce qu’on peut faire avec un passeport ? »
« J’aurais au moins un papier de déclaration de perte ? »
« Non, rien avant les 48h d’investigation de nos enquêteurs. »

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Il m’a vaincu. Les experts à Marrakech ont encore gagné. J’espère que la lumière noire sur un zoom x300 d’une caméra de sécurité permettra de retrouver les empreintes digitales du coupable.

Je souffle un bon coup. On reprend.

« Bon, OK, qu’est ce qu’il faut faire pour lancer la procédure ? »
« Il faut une photocopie de votre passeport »
« J’en ai une sauvegarde sur mon PC portable, ça suffit ? Ou vous pouvez l’imprimer ? »
« Non aucun des deux, il faut que vous reveniez avec un imprimé de votre passeport. En sortant à gauche il y a une boutique qui pourra vous faire ça. SUIVANT.»

Le tilt. Même pas au revoir, je me fais éjecter comme un point noir entre deux ongles crasseux. Je sors de son bureau, je repasse la sécurité, je confirme avec le garde où se trouve la boutique et je m’y rends. J’arrive devant 3 petites boutiques de m**de, qui vendent des bouteilles d’eau, des porte-clés chameau et des cacahuètes périmées. Je demande à la première où je peux faire imprimer une feuille. Il m’indique la troisième boutique. Je suis quand même sceptique. Elle a l’air de faire 4m2 dont 2 sont occupés par une broche de viande tournante et un frigo.

« Bonjour, je viens imprimer une photo de mon passeport »
« Oui pas de problème, donnez moi le passeport »
« Je l’ai pas, j’en ai juste une version sur mon portable »
« Ah ben non on peut pas, on a juste une photocopieuse ici. »

Le mec m’a envoyé dans un put**n DE KEBAB AVEC UNE PHOTOCOPIEUSE.

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« Où est ce que je peux faire imprimer quelque chose autour ? »
« Y a rien d’autre autour d’ici »

Je tente une solution alternative.

« Bon est ce qu’on peut essayer de photocopier l’écran de mon PC ? »

Il parle en arabe à un gros sac affalé dans une chaise.

« Le patron a dit non. »
« On peut même pas essayer ? »
« Le patron il veut pas. »

J’en peux plus d’eux. Je change de plan. Je souhaite à l’autre qui veut me cagouler avec ses 48h de délai de mourir dans un feu allumé par ses propres enfants. Malin comme un singe, je décide de tenter un autre commissariat. Je prends un taxi en lui demandant de me poser dans n’importe quel commissariat sauf celui que j’ai déjà fait.

Je patiente 30mn dans la queue, et un flic vient me voir pour me demander pourquoi je suis là. Je lui explique la situation, et il me répond gentiment qu’il faut que j’aille au commissariat du 1er arrondissement, étant donné que ça s’est passé au Es Saadi qui dépend géographiquement de ce poste de police. C’est probablement la seule personne bien intentionnée que j’aurai rencontrée de la journée. Bon même si il m’a délicatement viré de son poste de police avec un sourire.

Retour à la case départ, je ne touche pas 20.000 dirhams, je suis reparti pour le premier commissariat. Il est déjà 16h, j’ai raté depuis longtemps le rendez vous à l’ambassade et mes espoirs de repartir le lendemain s’amenuisent autant que mes cheveux au fil des 10 dernières années.

Quand j’arrive, miracle, les 9 sri lankais sont retournés coudre des ballons et il y a toujours les deux flics dont le même branleur, deux femmes qui attendent ensemble et une autre qui fait sa déposition. Elle a l’air en sévère état de choc, pleure toutes les larmes de son corps. Je ne comprends pas grand chose à leur discussion en arabe, mais je capte « iPad » « Samsung » et j’en conclus qu’elle a dû se les faire voler dans la rue. Ca dure… ça dure... Après une heure de discussion, elle finit par se lever pour aller s’asseoir dans le couloir, et elle a l’air aussi stable qu’un château de cartes dans un courant d’air. Elle fait 3 pas, et BAM ! Elle tombe dans les pommes et s’étale de tout son long dans le couloir la tête sur l’escalier. Et personne ne bouge ! Je me lève pour aller l’aider, et seule une femme qui attendait devant moi m’aidera à l’allonger correctement par terre pour qu’elle puisse respirer. Le premier flic vient alors me voir pour me demander pourquoi je suis là.

« Je dois faire une déclaration de vol de passeport »
« D’accord, il nous faudra votre numéro d’entrée au Maroc »
« Je le connais pas »
« Alors il faut que vous retourniez chercher la fiche de police que vous avez rempli en arrivant à votre hôtel »

Sérieux ? Combien de papiers différents on va me demander ?

Me voilà reparti pour mon hôtel, je demande au taxi de m’attendre dehors, le temps que je récupère le papier et on retourne illico au commissariat. La femme évanouie est toujours là, et je lui parle un peu pour m’assurer que tout va bien. Elle a l’air complètement shootée au Xanax ou un truc du genre et parle tout bas.

« Il m’a volé 6 millions »
« Qui ça ? »
« Le pickpocket »
« 6 millions de quoi ? »
« 6 millions qui étaient dans mon sac pour payer l’opération de Mustafah »

(j’apprendrai plus tard que les 6 millions sont 60.000 dirhams , soit 6000€)

« Je veux partir, laissez moi partir, je ne sers plus à rien. »
« Mais non, reposez vous un moment ça va aller mieux. »

Pendant ce temps, les deux filles de devant ont fini leur déclaration et c’est à moi de passer. Il est 17h30. L’ambassade ferme à 18h donc j’ai encore une toute petite chance illusoire. Le mec écoute mon histoire et me dit :

« Je ne peux pas prendre votre déposition, ce n’est pas un vol. »
« Qu'est ce que vous n'avez pas compris dans ce que je viens de dire ? »
« Un voleur ne volera jamais que le passeport en laissant l’appareil photo, donc c’est pas un vol, je peux pas prendre votre déposition. »
« Mais enfin, on ne peut pas supposer le comportement d’un voleur, si ? »

A ce stade là de la journée j’ai l’impression d’être dans un « truman Show » et qu’à tout moment, le rideau peut tomber pour mettre fin à cette mascarade. Après avoir insisté lourdement sur le fait que j’avais absolument besoin de cette déposition pour rentrer chez moi, le seul flic avec des principes de tout le Maroc acceptera finalement de prendre ma déposition. Et il me sort un procès verbal en arabe.

« Il me la faudrait en français, s’il vous plait »
« C’est pas possible, signez celle là »
« Vraiment j’insiste, pour les assurances et tout »

Je signe son papier, et il me consulte ensuite pour la traduction de la déclaration.

« Ca va cette phrase ? »

Sur 16 mots, y a 17 fautes d’orthographe, de syntaxe, de grammaire et je me concentre donc sur les plus vitales à la compréhension du document. Il me l’imprime et me dit :

« OK, il faut qu’Abdellah le signe, va le chercher »
« C’est qui Abdellah ? »
« Il a des cheveux gris, il était là tout à l’heure »

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8ème dimension bonjour. Je me plie aux règles du jeu et je me lève pour aller chercher Abdellah. Je fais le tour du commissariat, et il est introuvable. Je reviens pour annoncer la nouvelle à l’inspecteur BenDerrick qui me répond « OK, c’est pas grave, je vais imiter sa signature ». Soit.

Il est 17h48, et je saute dans un taxi pour essayer d’arriver à temps au consulat. Pas de négociation, pas le temps, ton prix sera le mien, fais toi plaisir, ce soir je suis ta bitch.

17h56, je sonne à l’interphone du consulat…

Part 3 - Qu'est ce que je fous dans cette galère ?

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17h56, je sonne à l’interphone du consulat…

« On est fermé »
« Je suis désolé d’insister, mais c’est urgent j’ai mon vol demain matin »
« Alors revenez demain à 8h30. »

Bon, j’ai fait tout ce que je pouvais aujourd’hui, et je rentre à l’hôtel. C’est quasi définitivement mort pour repartir demain matin, à moins que ça se passe exceptionnellement bien au consulat demain matin et que tout soit réglé en 20mn. Mais étant donné que j’ai mis 8h pour obtenir une simple déclaration de vol aujourd’hui, je n’ai pas vraiment de doute sur l’issue du lendemain et je me demande même quand je vais pouvoir repartir. Je commande un coca citron dans le lobby, histoire de décompresser de cette journée et je me pose pour profiter de la connexion internet vacillante. Je me renseigne un peu sur le prix des riads à vendre, au cas où je doive finalement rester ici quelques années. Après avoir constaté avec plaisir que 40 de mes adorables amis facebook ont liké le fait que j’ai perdu mon passeport et que je sois coincé au pays de la drogue et de la prostitution, je relis le premier chapitre de « jamais sans ma fille » pour me remonter le moral. Vie de m**de.

Tant pis, la vie est belle, j'ai mes deux bras, mes deux jambes et un sexe énorme, je suis contraint de prendre des vacances supplémentaires au soleil et je serai quand même ingrat de me plaindre. Je me met donc en quête d'un bon resto pour le soir et je rouille un peu sur youporn et marmiton. Il est 20h30 quand je remonte dans ma chambre. Je prends une douche salvatrice et au moment de m’habiller, sur mon lit je découvre ma veste, que j’avais oubliée dans le placard de l’ancienne chambre et qu’une femme de ménage m’a déposée ici.

Je soulève la veste et je sens un gros truc dur dedans. C’est ma bite. Par acquit de conscience, je la sors quand même de la poche pour vérifier et… vous l’aurez deviné, c’est mon passeport que je retrouve dans la poche intérieure.


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put**n quel demeuré. Toute cette journée de galère pour retrouver mon passeport le soir. Dire qu’au moment de faire ma valise ce matin, après avoir retourné 2 fois toute ma chambre, je blaguais avec Steven : « Et là t’imagines le truc, en soulevant un vieux slip je retrouve mon passeport ? »

Tous les sentiments et leurs contraires se mêlent à ce moment là. Je devrais être content mais je n’y arrive pas vraiment. Je ne sais pas si je dois être soulagé de l’avoir retrouvé, ou dégouté d’être aussi débile. C’est difficile de vraiment profiter dans un moment comme ça ou tu te repasses le film de la journée, les heures perdues, les dépenses superflues, les odeurs dans les taxis, cette rage générée par l’immobilisme de cette bureaucratie marocaine…

Bon quoiqu’il en soit, le coté positif, c’est quand même que je vais finalement pouvoir repartir le lendemain contre toute attente. Je commande donc mon billet d’avion pour le lendemain matin 10h. 200€ réglés sur Royal Air Maroc. J’annonce la nouvelle à ma sœur qui se faisait du souci.

« Mais t’as fait ta déclaration de vol ? Parce ce que du coup ton passeport risque de ne pas être valide vu qu’il est déclaré volé. »

Mon dieu. Quel jambon. Et au Maroc, cette insulte prend vraiment toute sa dimension.

En plus, je viens de cliquer sur « confirmer l’achat du billet » y a à peine quelque secondes. J’en suis déjà à mon deuxième billet Marrakech – Lyon d’acheté, et je vais peut être toujours pas pouvoir monter dans l’avion. Je ferme mon PC, je fourre tous les papiers utiles dans mon sac et je cours en bas pour prendre un taxi et retourner au commissariat en espérant qu’il soit encore ouvert. En appuyant sur le bouton de l’ascenseur, Je me rends compte que je suis en caleçon et que ça risque d’empêcher le bon déroulement des négociations avec les autorités locales. Non pas que Marrakech soit particulièrement réputé pour le charme vestimentaire de ses autochtones, mais d’expérience, une couille vagabonde qui dépasse lors d’une discussion a toujours tendance à faire tiquer votre interlocuteur.

Habillé, déodorisé (ouais on sait jamais, je peux peut être pécho un flic moustachu.) Il est 21h30 quand j’arrive là bas, et je tombe en plein milieu d’une bagarre entre deux gars menottés qui se mettent des coups de boule. Ils se feront rapidement calmer par des uniformes bleus. Un flic à l’entrée me dit que je ne pourrai pas faire annuler ma déposition ce soir, et qu’il faut que je revienne demain matin 10h, parce que l’officier qui s’occupe de ça n’est pas là. J’insiste. Il insiste. Je ré-insiste. Il tank. Finit par céder et me laisse passer en haussant les épaules. Je reconnais un des flics de cet après midi, et je lui explique la situation, que je viens de retrouver mon passeport et que je voudrais annuler ma déclaration de vol. Il se met à fouiller dans un tas de papier à coté du PC et finit par m’en ressortir une feuille avec un sourire :

« Ji l’ai retrouvée ! »

Il prend alors la feuille en travers, me regarde en souriant et il la déchire.

« Hop disparu, plus di diclaration ! »

Surréel. En même temps, heureusement que tout ça m’arrive au Maroc où la lenteur de l’administration m’a sauvé d’un désastre intersidéral. Je confirme bien avec lui que rien n’a bien été envoyé.

« Non non t’en fais pas, tant que le papier est là, rien n’a été envoyé ici ! »

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Je quitte le commissariat refait, avec le sourire en dandinant comme un troll. Même si j’ai quand même encore un petit doute sur le fait que mon passeport fonctionne effectivement à l’aéroport. Je prévois donc d’y aller beaucoup plus tôt pour m’assurer que je peux bien quitter le pays. Si c’est pas le cas, j’aurai au moins le temps d’essayer de me téléporter à l’ambassade pour tenter la stratégie perdante du laisser passer.

Après une bonne nuit de sommeil, un petit dèj avalé (ouais, j’avale), il est 7h50, il fait grand soleil, je sors devant l’hôtel pour essayer de trouver un taxi honnête. Bonne chance Pedro. Je m’arrête devant le premier :

« L’aéroport pour 70 dirhams ? »
« Oui, pour 100 c’est bon. »
« C’est 70, c’est écrit sur ton pare brise. 100 c’est le tarif de nuit »
« Oui mais le tarif de nuit c’est jusqu’à 9/10h »
« Bien sur. Donc 70 c’est bon ? »
« Donne moi 90. 20 dirhams de supplément pour la valise. »
« Bon, je vais voir l’autre taxi là bas ? »
« Tssss.. Allez allez c’est bon 70.. »

S’en suivra une série de vociférations en arabe qui ne ressemblaient pas toutes à des compliments à mon égard.

On arrive à l’aéroport, et il me pose à l’autre bout du parking.

« Tu peux me poser devant l’aéroport s’il te plait ? »
« Pour 70, c’est ici que je pose »

C’est un des trucs tiltants au Maroc, devoir constamment négocier, y compris dans ton bon droit, même pour des prix affichés, et te faire prendre pour le dernier des conn**ds quand tu décides de ne pas te faire enc**er.

Bref, next, j’ai besoin de vérifier que mon passeport est valable mais impossible de trouver un flic capable de me répondre autre chose que « Oui oui c’est bon t’en fais pas. » sans plus de vérifications. Je suis donc contraint de patienter jusqu’à l’ouverture du guichet pour Casablanca par lequel je transite.

« Bonjour, votre passeport s’il vous plait »

La main tremblante, je lui tends mon carnet de voyage. Je suis en apnée, mon cœur bat la chamade. « one time, one time, one time » résonne dans ma tête.

….
….

« Voilà monsieur merci, embarquement porte B12, bonne journée »

CLAAAAAAC ! Wooohoooooo ! Victoire ! Contre toute attente, je gagne avec hauteur jack au showdown ! Heureusement pour moi et malheureusement pour vous, les cagoules décident donc de s’arrêter ici et je passe le comptoir d’enregistrement sans encombre.

Tout fier, je passe les contrôles de douane « comment ? Mais OUI, j’ai un passeport, tout à fait monsieur ». Je suis même dégouté de passer à coté d'un flic qui ne voudra même pas me contrôler.

Histoire de bien finir les choses, j’aurai aussi le plaisir de pouvoir, en traversant le zoo de Boston temporairement relocalisé dans l’aéroport de Marrakech, réaliser le dernier défi qu’on m’avait donné, le selfie chameau.

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Je pars donc avec la conscience tranquille d’une mission rondement menée.

Enfin assis dans l’avion, j’attache ma ceinture, je souffle une dernière fois, soulagé et je regarde au loin par le hublot ce pays que je pensais ne pas quitter de si tôt.

Ca y est Maman, cette fois je rentre à la maison !

vendredi 4 juillet 2014

Donks In Vegas 2014 !



Donks In Vegas deux années de suite ? Vous en avez de la chance ! Pour le plus grand plaisir de tous les amateurs d'humour qui fait pas rire mais dont tu te dis "comment il peut écrire des trucs comme ça ?" Donks In Vegas revient encore cette année au pays des machines à sous et des filles sommairement vêtues (reste encore à déterminer laquelle de ces catégories coûte le plus d'argent). On suis arrivé hier soir au Mirage avec Stéphane, qui m'aidera à faire un coverage du main event pour Club Poker.

Je vais essayer de tenir des mises à jour quotidiennes de ce blog à l'humur grinçant, mais pour l'heure, il est temps d'aller soutenir l'équipe de France ! Et c'est la première fois de ma vie que je mets un réveil à 7h45 pour regarder un match de foot, j'espère qu'ils vont pas me le faire regretter !


jeudi 4 juillet 2013

Les dangers d'être un reg du puto banco.

Devoir vider ses poches à l'aéroport, ça n'a pas forcément que du bon.


mercredi 3 juillet 2013

Run it twice

Je m'excuse du manque d'update récent, mais comme chaque année, quand arrive la fin du séjour, on essaye d'en profiter un max, et le temps accordé à la rédaction de ce blog a tendance à en pâtir.
Pourtant on ne peut pas dire que je passe beaucoup de temps à dormir, puisque les nuits où je ferme effectivement les yeux, je suis à une moyenne de 4h de sommeil sur la dernière semaine. Heureusement que je prends de la coke sinon, je ne sais pas comment je tiendrais. Mais non maman, bien évidemment que je rigole, tu sais bien que je ne prends que de l'ecsta.
Difficile de vous faire un résumé exhaustif de tout ce qui s'est passé pendant ces dernières nuits qui ont été chargées, mais en tout cas je pense que j'ai sacrément attaqué mon capital d'espèrance de vie. Entre les soirées où on rentre à 4h du mat', pardon, les soirées qu'on commence à 4h du mat' pour rentrer à 10h ou encore les aventures dans des taxis qui essayent de nous emmener dans des endroits où quelqu'un pourra tranquillement nous prélever des organes pour les revendre à des chinois en quète d'aphrodisiaque. Chaque instant de la vie ici est un gamble. Que ce soit des jetons ou avec son capital santé. Il faut accepter que tout ce qu'on fait présente un risque non négligeable. Au delà d'une chance sur 3 de mourir, je dis quand même stop (sauf si je suis assez bourré). Mais comme le veut l'adage, ce qui se passe à Vegas reste à Vegas, et je ne parlerai qu'en présence de mon avocat.


Le départ arrive à grand pas, puisque nous rentrons malheureusement en France demain après midi. Oh je vous vois déjà sortir vos mouchoirs en vous disant, le pauvre, ses vacances s’arrêtent déja, mais n'en faites rien puisque je suis aussi content de rentrer en France pour retrouver des personnes qui me manquent et que 15 jours à Vegas est une durée bien suffisante et déja bien assez éprouvante pour l'organisme. Ca va juste me faire bizarre de devoir payer plus qu'un dollar pour une vodka redbull et que les filles ne viennent plus s'asseoir sur mes genoux pour essayer de m'escroquer un billet de 20 (en France elles me font pas payer).

Une petite photo pour illustrer ce que peuvent être les soirées ici (ou juste pour me la péter, je n'ai pas encore tout à fait décidé)


Un autre des passages incontournables de Vegas, la terrasse du Voodoo, la boite de nuit du Rio, située au 51e étage et qui nous offre une vue sur tout Vegas absolument magnifique. 51 étages montés dans un ascenseur aux vitres transparentes avant d'arriver là haut.

Je n'ai malheureusement pas encore dû raccompagner de fille bourrée à sa chambre cette année mais je ne désespère pas puisqu'il nous reste plus de 32h sur le sol américain. Ce soir j'ai conseillé aux autres d'aller voir blue man group, mais après l'avoir déja vu 4 fois, je ne me joindrai pas à eux cette fois. Petit message d'encouragement totalement intéréssé pour Nicolas Levi qui a 1,5 fois l'average à 23 left sur un WSOP à 2500$. Nico, c'est notre dernière soirée à Vegas, ça serait quand même cool qu'on termine sur un joli feu d'artifice. En attendant, je vais aller profiter de la chaleur extérieur (il fait actuellement 49°C) et je vous quitte sur une dernière photo du strip :


Sur la gauche vous pourrez apercevoir le Planet Hollywood, et sur la droite notre hotel, l'Aria.

Coaching roulette

Devant la diminution évidente de mes revenus en tant que joueur de cartes, j'ai décidé de multiplier mes activités, et après avoir tenté ma chance sans succès en tant que strippeuse, je loue désormais mes services en tant que coach roulette. Parce que jouer avec des boules, c'est quand même bien plus sympa que de toucher des grosses paires. Je vous présente ici un extrait de ma première vidéo intitulée "Roulette, passer pro." Titre qui m'a été suggéré par un ami "tu vas voir, tu peux dire n'importe quoi, et ça va quand même te rapporter des millions". Personnellement j'aurais préféré l'appeler "La roulette, comment gagner même quand on est complètement con." mais l'appat du gain a été le plus fort. Cet extrait a été réalisé dans un casino bondé, et dure originellement plus de 11mn, pendant lesquels absolument personne de la sécurité n'est venu intervenir alors que je transformais le casino en marché de Rungis. La vidéo originale est disponible à la vente pour la modique somme de 89,99$ + tax + pourboire + rake comme il est de coutume ici.

Je vous souhaite un bon visionnage. Aucune boule n'a été maltraité pendant le tournage de cette vidéo, et toute ressemblance avec des personnes ayant déja effectué des coverages off serait purement fortuite.